SUNU GAL
Paroles de Lycéens
kayar, tout pour la pêche
Fadiouh, une Venise sénégalaise
Bamboung, un exemple à suivre
Découvertes dans l'estuaire de la Somone
Kayakafrica en Casamance

Sunu gaal, tous dans la même pirogue, juin 2008
kayakafrika « Si les ressources marines s'épuisent totalement, les Sénégalais utiliseront leur pirogue pour autre chose..." Il ne s’agit bien évidemment pas de tourisme mais bien d’émigration.

Le Sénégalais n’a plus de quoi acheter du poisson et il n’a plus de quoi acheter grand chose.

Grande banlieue de Dakar. Le taxi brinqueballe sur la voie rapide en direction de Thiaroye-sur-mer. Vendredi, c’est le jour de la prière. 14 heures, des centaines d’hommes envahissent les trottoirs et les rues pour une prière collective qui marque la fin de la semaine.

Madame Boyom est assise derrière son bureau. Elle est souffrante mais au poste. Elle dirige le collectif des femmes contre l’émigrationclandestine. Cette femme d’affaire s’est faite toute seule. Comme elle se plait à le dire elle est mareyeuse depuis la naissance. Après une scolarité écourtée, elle suit des cours du soir à l’Alliance française et au British Concil de Dakar.

En mars 2006, elle perd son unique fils. A 26 ans, il a pris place à bord d’une pirogue à destination des Canaries. Celle-ci disparaît en mer. Elle montre une photo d’un groupe de jeunes gens prise avant leur départ. La plupart d’entre eux n’ont pas été à l’école. Ils étaient pêcheurs, avaient un métier. Les obsèques collectivslancent les bases d’un comité,

Aujourd’hui 375 épouses et mères ayant perdu un mari ou un fils ent à la sensibilisation et la mise sur pied d’activités économiques destinées à fixer les jeunes sur place. Depuis cette initiative a fait tâche d’huile. Dans d’autres quartiers et villages traditionnels de pêcheurs, d’autres comités voient le jour. C’est le cas à Yoff, Soumbédioune, Kayar et le long de la côte jusqu’en Casamance.

Thiaroye-sur-mer compte 45 000 âmes. Madame Boyom estime qu’en une année, environ 300 jeunes disparaissent en mer. « Il suffit d’une dizaine de pirogues pour atteindre ce chiffre malheureux. Elles embarquent plus de trente personnes ».

La perte des hommes signifie la mort économique de la famille. Chez les Lébou, principale ethnie spécialisée dans la pêche dans la région de Dakar, les gens ne vivent que de cette activité. Les hommes pêchent, les femmes transforment et vendent le poisson. Malgré la raréfaction progressive de la ressource marine, la pêche reste rentable. Mais comment rentrer en compétition avec les chalutiers étrangers qui battent pavillon sénégalais et qui vident les eaux pour fournir… le marché européen ?

Les jeunes désemparés n’ont qu’un crédo face au pillage des eaux : « Nous irons en Europe manger le poisson qu’on pêche ici ». Le monopole européen sur la filière pêche empêche le développement locale. « Donnez-nous les moyens d’acquérir des outils de pêche et les jeunes pourrons augmenter leur revenus au lieu de cherche un hypothétique paradis sur place. »

L’émigration clandestine a toujours existé renchérit Madame Boyom. Son père a servi dans l’armée française. Concernant l’immigration, elle propose que l’Europe ouvre ses portes pour, comme elle le dit «que les jeunes aient l’occasion d’aller voir sur place et de découvrir que l’Europe n’a pas grand-chose à leur proposer ». A propos des jeunes qui ont atteint en masse l’Europe, elle affirme qu’ils mentent sur leur condition et sur la réelle teneur de leurs revenus. Elle conclue par une phrase qui en dit long sur sa position : « mieux vaut voir une fois que d’entendre 100 fois ». Le collectif prône la mise en place de travaux temporaires avec des contrats à durée indéterminés dans des secteurs saisonniers comme la maçonnerie, la pêche, la cueillette des fruits. Encore faut-il que l’Europe accepte de jouer le jeu et démantèle les filières qui facilitent la voie illégale aux clandestins. Mais sur ce point, Madame Boyom est catégorique : « cela ne peut être fait qu’avec la base pour la gestion de contrats, et d’après elle c’est en cela que l’Espagne se trompe en financement le gouvernement sénégalais ».

Et pour les clandestins mettant pied au Canaries : « les images diffusées dansles médias ne font que conforter les jeunes à tenter l’aventure. Elles présentent des hommes accueillis, pris en charge par la Croix Rouge. ». A ses yeux, il faut renvoyer ses jeunes après les premiers soins car c’est aux Canaries qu’ils trouvent les moyens de poursuivre leur voyage à destination du continent européen. »

Pour ses activités de sensibilisation et de développement, le collectif a reçu le Grand prix du chef de l’Etat édition 2008. Sans soutien de la Mairie de Thiaroye, le collectif compte à ce jour des financements du Gouvernement espagnol et de la coopération canadienne.

Le collectif multiplie les actions auprès des clandestins potentiels. A l’approche du Mouloud, les marabouts relaient les préoccupations de ces veuves de la mer. La sensibilisation passe aussi par des activités de théâtre et de danse. « La lutte traditionnelle, sport roi au Sénégal, une équipe de lutteurs réunis plus de 200 jeunes qui doivent être présents pour soutenir leur champion. Ici nous mettons en avant la solidarité sociale. ». Même chose pour les compétitions de régates. Le 17 novembre 2007, le comité a organisé une compétition réunissant 16 communautés de pêcheurs lébou et plus de 5000 spectateurs.

Au siège de l’association, une grande maison encore en travaux, Madame Boyom a réuni un panel d’activités. Cette vitrine des idées de développement concerne la fabrication de souvenirs à destination des touristes, poupées mais aussi pirogues façonnées par des rapatriés. De la fenêtre du second étage, elle hèle le conducteur d’une charrette. Mama Dia, un rapatrié d’une trentaine d’année a reçu une aide sous la forme d’une carriole. « Si on peut fournir à celui-ci une seconde charrette, cela améliorera ses revenus ». Elle évoque également un soutien pour soutenir des ateliers de menuiserie, de mécanique, des cybercafés, des télé-centres, des restaurants…. « Une pirogue neuve donne du travail à 35 jeunes et à leur famille. »

Dans la cour intérieure, quelques séchoirs à poissons gérés par Madame Mariama Gaye qui accuse la perte d’un fils, sert d’exemple de ce qui pourrait être entrepris. Quelques blocs de maisons plus loin, les femmes transforment les fruits, les légumes et les céréales produites sur place à titre de diversification et d’appoint à l’activité de pêche.

Le portable de Madame Boyom sonne chaque minute. Dans la salle de réunion, des nattes sur le sol. Une dizaine de femmes assises autour d’une bassine de riz. Un instant de partage pour la meneuse du collectif qui reste en prise constante avec la dure réalité d’un développement nécessaire au risque de voir partir les hommes et s’écrouler les familles privées de revenus à la disparition d’un mari, d’un fils.

Il est 16 heures, le vent redouble de force. A quelques dizaines de mètres de là, l’Atlantique gronde et déferle sur la plage. Une mer que bon nombre de femmes ne peuvent plus contempler sans penser à la disparition d’un proche. Madame Boyom accompagnée d’un autre membre, Aïssatou Ndiaye , ne manqueront pas d’argument pour sensibiliser à leur cause les décideurs européens qu’elles viendront rencontrer à Bruxelles dans le cadre du Couleur Café. Cette dernière a perdu son mari, son fils et son beau-fils.

                                                                                                              ^  Haut  ^ 

La pêche au Sénégal est un secteur informel.

Il existe ni permis de pêche, ni immatriculation des pirogues. En matière de réglementation, les autorités jouent au chat et à la souris avec les pêcheurs.

Si le secteur concerne 600 000 personnes, l’état retire peu de revenu de cette activité. Il n’est donc pas enclin à investir.

Plus de 15 000 pirogues sont actives au Sénégal et braconnent dans les eaux de la Guinée Bissau et celles de Mauritanie.

Au Sénégal, 80% du poisson débarqué l’est par les pirogues traditionnelles responsables de la raréfaction de la ressource. La pêche piroguière fait, aujourd’hui, plus de dégat que la pêche industrielle car elle affaibli à la fois le stocks mais s’en prend au juvéniles et aux espèces menacées (requins, mérous, thons…) .

Cette actiivité qui n’a plus rien de traditionnelle est devenue intense dans les zones de reproductions que sont les estuaires (Saloum, Gambie, Casamance). Mais depuis la motorisation de 90% des pirogues, les Sénégalais sont en première ligne dans la dégradation du milieu. Il faut également considérer les populations qui ont quitté l’intérieur des terres lors des grandes sécheresses et qui se sont installées le long du littoral pratiquant une pêche dévastatrice. La prise de conscience et la mise en place de normes respectées permettra à terme de protéger les ressources et d’empêcher la dégradation des milieux marins.

Des initiatives visant la constitution d’aires marines protégées font actuellement recette. Mais leur existence est vivement menacée par la fragilité économique des populations et la précarité de la conservation lorsqu’elle ne dépend que d’une activité touristique aléatoire.

Au Sénégal, il devient urgent de protéger la mer en limitant l’accès à celle-ci, en professionnalisant les populations concernées et créant des zones de conservation, en respectant les repos biologiques. Toutes ces mesures ne peuvent exister que dans le cadre de la mise sur pied d’un dispositif législatif que le gouvernement tarde à mettre en place. La communauté internationale a déjà largement soutenu le gouvernement sénégalais dans ses propositions de réforme mais les principaux concernés se demandent où sont passée les sommes allouées pour l’aménagement des quais de pêche et la mise en place d’un soutien structurel au secteur de la pêche. La corruption et le clientelisme olitique reste le principal frein au développement.

Les projets communautaires et les ong locales ont largement montré que la société civile peut mieux que quicoque endiguer les problèmes auxquels elles sont confrontées. Entre 1995 et 2002, l’Union européenne à réduit de 17% la production de la pêche et la flotte, de 15%. Vu la demande croissante, il est évident que le déficit est comblé par les importations. Au Sénégal, l’UE a signé des accords de pêche. Aujourd’hui, l’Europe qui recherche des zones d’exclusivité plus au Sud (Namibie, Angola) n’a pas reconduit les accords de pêche. La principale raison est que les poissons se font rares après un pillage systématiques depuis 2 décennies.

La communauté des Lébou est principalement concernée par l’émigration clandestine. Ce sont eux qui possèdent les pirogues mais aussi le savoir pour atteindre les Canaries. Ils sont équipés de gps et de téléphone satellite qui leur permettent de donner des rendez-vous de départ à des pirogues de plus petit gabarit plus discrètes lorsqu’elles quittent les quais de pêche. S’ils ne sont pas passeurs, ils sont passagers. Malgré les images alarmistes, force est de constater que la majorité des candidats à l’émigration arrivent à bon port. Ceci pousse les jeunes à rejoindre, qui un ami, qui un frère en Europe.

Aujourd’hui,le passage coute environ 500 euros. Les passeurs font construire de grandes pirogues de mer que l’on peut voir en chantier sur la plupart des quais de pêche. Ils s’équipent ensuite de deux moteurs hors-bord de 40 chevaux.

L’affaire reste très lucrative et les pirogues ne servent que pour un seul trajet. Elles ne sont donc pas décorées. Ces décorations permettraient en outre de connaître leur origine puisque elles peuvent donner l’appartenance familiale, l’identité du chantier, la provenance géographique.

                                                                                                              ^  Haut  ^ 

Quelques Chiffres (source DITP) :

En 2006, le volume des exportations étaient de 74 002 tonnes soit un béficite par rapport à 2005 de 9082 tonnes en volume :

donc soit les Sénégalais mangent plus de poisson sur la marché intérieur, soit la dégradation de la productivité des ressources, de la production et dons des exportations est la conséquence de la chute des exportations,

mais cela amène aussi à dire que les consommateurs européens ne sont malheureusement pas les principaux coupables et responsables du problème !  

Les produits entiers (poissons et céphalopodes) et élaborés (crustacés) congelé vers l'UE ont considérablement baissé (-28%) par rapport à 2005.

Les produits congelés qui représentent plus de 70 % des exportations globales sont de plus en plus destinés au marché africain où la demande ne cesse de croître.

                                                                                                              ^  Haut  ^ 

Copyright © 2008 cultures-com All rights reserved |tirlipinpon.com