Remonter le fleuve Gambie jusqu’à Georgestown

---------  mars 2008  --------

24/03/2008
Nous quittons Toubacouta, l’hôtel Keur Saloum, centre de pêche, qui nous a hébergé deux nuits, hôtel situé en bordure de bolon, tenu par un couple de belges, fort sympathiques. Le soir, nous jetons l’ancre dans l’écrin d’un bolon, à l’abri des vents de l’océan atlantique que nous traverserons demain pour rejoindre Banjul, capitale de la Gambie.

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25/03/2008
Quatre heures de navigation, nous jetons l’ancre dans la baie de Banjul et regagnons le port pour procéder aux formalités administratives. Deux représentants du contrôle de l’immigration montent à bord…un brin de conversation s’engage…

un rapide coup d’œil à l’embarcation, quelques questions sur le but du voyage…touristes ? vous êtes mariés ? pas encore ? une date prévue ? en Belgique ? vous m’inviterez à la cérémonie ? je mettrai un beau costume, prendrai un vol Air Gambie ou SN Brussels….et le contrôle s’arrête là…20 €, nous récupérons nos passeports et repartons…3 heures et demi plus tard.

17H, le vent a forci, nous levons l’ancre à la hâte et pénétrons l’estuaire du fleuve Gambie. Traversée à 6 nœuds de moyenne, à contre courant, le catamaran glisse, surfe, se faufile sur cette mer mouvementée et assez peu hospitalière…nous jetons l’ancre à quelques encablures du Fort St. James. Nuit agitée, mer forte, vent intense, une des deux ancres cède et nous dérivons….

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26/03/2008
Avec l’aube, l’accalmie s’installe…le fleuve nous invite bras ouverts, il glisse sous la coque et nous en remontons le cours…Huit heures de navigation, 72 km parcourus sous un soleil de plomb, quelques rares villages ponctuent les berges, pirogues de pêcheurs et colonie de pélicans colorent la ligne verte de palétuviers qui borde le fleuve couleur sable…

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27/03/2008
Deux tiers de navigation à la voile, le dernier tiers au moteur…plus le fleuve rétrécit, moins il y a de vent, la chaleur augmente, celle de l’eau aussi, moins claire, moins salée, nous traversons une zone peuplée de centaines de méduses brunes tachetées….

les vents de terre, changeants et versatiles nous malmènent quelque peu et entravent notre progression. De ci, de là, nous apercevons sur la berge, des bâtiments désaffectés, recouverts de tôle, plongeant tels des tentacules dans le fleuve, de longs tapis roulants qui chargeaient de cacahuètes les barges qui sillonnaient le fleuve pour retourner sur Banjul avec leur précieuse cargaison…

Précieuse, oui, car jusqu’en 200 ?, la cacahuète était la principale source de revenu de la Gambie jusqu’à ce que la communauté internationale décide d’en abaisser le cours. Cette chute signa la mort économique de la Gambie.L’arachide ne s’arrachera désormais plus, elle vaut « peanuts » sur le marché mondial et la Gambie part à la dérive…

Le fleuve charrie encore quelques tonnes de riz et de mil qui passent devant les vestiges d’un temps révolu…Nous mouillons de nuit en face de l’Ile aux Eléphants, proche de Bambali…trois autres voiliers y passent la nuit.

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28/03/2008
Tôt le matin, nous recherchons de l’essence, un villageois se propose pour nous aider dans cette démarche. Il partira en bicyclette jusqu’à Farafeni, cela devrait lui prendre 3 ou 4 heures…marché conclu.

Un petit bateau accoste à l’embarcadère et dépose deux personnes, les deux hommes restés à bord entament un brin de conversation, ils retournent au campement de chasseurs tout proche et nous proposent de les suivre…une heure et demie à remonter la rivière, assaillis par de nombreux insectes, les taons et les moustiques se font un festin de nos chairs et s’abreuvent de notre sang…

Le campement de chasseurs nous accueille chaleureusement....Ici, aucun chasseur de « big five » … les chasseurs tirent le phacochère, sanglier africain… La cuisine est déliçieuse, nous étanchons notre soif de quelques bières bien fraîches et reprenons notre route. Nous retrouvons le fleuve dans lequel nous ne tardons pas à nous plonger dès que possible pour calmer les démangeaisons qui nous taraudent tout le corps….

Visite du village de Bamboli, où une nuée d’enfants nous guide au seul magasin du village, une boisson fraîche ? impossible, le village ne dispose pas d’électricité…un villageois nous invite à deviser sous le manguier dont il nous offre quelques fruits, bienvenus…il nous raconte son périple à destination de l’Europe, voyage avorté par le renversement de la pirogue, quelques morts…mais il recommencera…il est revenu au village sur l’insistance de sa mère restée seule…mais la vie y est terne, sans travail, sans argent, sans rêve…alors sûrement il repartira…plus tard…un jour…prochain… Poursuivons notre route, sous une chaleur étouffante, dressons la moustiquaire sur le pont, prenons un bain de minuit, qui ne nous rafraîchit guère, la température de l’eau est proche des 30°

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29/03/2008
Cap sur Kantaur, pas un pouce de vent, la chaleur devient difficilement supportable, l’eau proche de 32°, l’air chaud du désert est chargé de sable, le paysage plongé dans un brouillard de début du monde,

la végétation tropicale et luxuriante nous plonge dans une ambiance étrange de naissance d’univers, d’origine, de début de quelque chose d’étrange, le calme un peu oppressant n’est rompu que par le cri d’un babouin, le chant d’un oiseau, le rire d’une hyène ou la respiration inquiétante d’un hippopotame… Moment particulier et assez privilégié, entaché par la seule présence de nombreux taons..

Kantau est un gros village qui fête aujourd’hui le baptême musulman d’un nouveau né, musique et danses nous accueillent.

Nous jetons l’ancre face à ce village et nous endormons au son des tambours, en compagnie d’hippopotames qui entourent notre coque…les bruits qu’ils émettent lorsqu’ils respirent ou s’ébrouent sont quelque peu inquiétants, lorsque les statistiques nous reviennent à l’esprit, nous réprimons un frisson ; l’hippopotame est responsable du plus grand nombre de morts en Afrique, après le moustique, ces gros animaux frôlent notre frêle esquif…

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30/03/2008
Destination Georgestown, nous passons devant l’Ile aux singes, accompagnés par un gardien du Parc, nous essayons d’apercevoir l’un ou l’autre chimpanzés, sans succès… La végétation est variée, tropicale, dense, impressionnante mais pas le moindre cousin en vue…

Nous progressons, croisons des bandes de pélicans, cormorans, d’oies de Gambie… Un arbre bouge sur la berge, secoué par une tribu de babouins, qui sautent de branche en branche, nous lancent quelques cris stridents..  cris de reconnaissance envers quelques lointains congénères ? cris d’intimidation ? Ici c’est leur domaine, nous ne sommes pas les bienvenus…

Arrivés à Georgestown, nous nous mettons à couple avec des français rencontrés plus tôt, à bord de leur zodiac nous partons à la découverte de cette ville décrite dans notre guide comme une ville importante…déception, une ville complètement sinistrée, le « big store » n’a de big que le nom, rien à y trouver, une boisson fraîche ? le frigo en panne est tiède…seule fonctionne une radio qui diffuse le chant d’un Immam, tonitruant, sous une chaleur écrasante, nous regagnons rapidement notre bateau.

Toujours en quête d’une bière fraîche, nous accostons dans un campement réputé le meilleur de la région : pas un client, le personnel allongé sur le bar…le singe de la maison gambadant de ci, de là…mais c’est là que nous boirons jusqu’à étancher totalement notre soif. Après une heure et demie de navigation sur la route du retour, nous jetons l’ancre entourés de pêcheurs qui escorteront nos rêves…le soleil se couche, un soleil blanc d ans un ciel couleur acier…

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31/03/2008
Arrêt à Kantaur pour se réapprovisionner d’essence…c’est notre chance, aujourd’hui c’est jour de marché, à 2 km de la rive, nous embarquons à bord d’une charrette tractée par un vieux canasson revêche,

qui ponctue sa course par quelques flatulences dont il gratifie les passagers au nombre desquels nous sommes…nous connaissions le cheval-vapeur, nous découvrons le cheval-péteur…

Après quelques emplettes, retour à l’embarcadère non sans s’arrêter au guest house de Kantaur, au bord du fleuve. Rencontre avec son patron Gambien ayant épousé une hollandaise. Discussion intéressante sur la vie économique en Gambie, les rebelles en Casamance, etc…

Poursuivons à la voile cette fois et retrouvons la quiétude des premiers jours de notre périple.

A la tombée de la nuit, jetons l’ancre, le fleuve est assez agité et le cliquetis incessant des voiles ainsi que la respiration et les rires moqueurs des hippo, nous poussent à regagner l’autre rive, vers 4H du matin, nuit peu reposante qui nous incite à reprendre notre route dès 6H30

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